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Quelques réflexions éthiques et pratiques autour des déclarations anticipées
Cet article propose une réflexion critique sur les conditions
éthiques et pratiques d’élaboration des déclarations
anticipées, en s’appuyant sur des observations de terrain
dans le champ du soin et de l’accompagnement. Il plaide pour
une approche relationnelle et évolutive de ces démarches, à
rebours des pratiques trop souvent réduites à des formalités
administratives. L’auteur s’appuie notamment sur la
distinction, formulée par Natalie Rigaux et Sylvie Carbonnelle1,
entre une conception « stricte » de l’Advance Care Planning,
centrée sur des documents juridiques contraignants, et une
conception « large », attentive au dialogue, aux liens, et à
l’expression située de la personne.
Le texte souligne que la pertinence d’une déclaration anticipée
repose moins sur sa forme que sur le contexte de confiance,
d’écoute et de disponibilité dans lequel elle est construite. La
qualité de la relation avec les interlocuteurs, son épaisseur,
et le respect du rythme de la personne apparaissent comme
des conditions centrales à une expression authentique de
ses volontés. Le caractère itératif de la démarche constitue
également un aspect essentiel pour garantir son éthicité.
L’auteur alerte enfin sur les risques d’instrumentalisation
lorsque ces démarches sont sollicitées pour répondre aux
besoins des proches ou des institutions, plutôt qu’à ceux de
la personne elle-même. Il insiste sur la nécessité de préserver
la possibilité de ne pas se déterminer, et de s’en remettre au
collectif qui entoure la personne. Au coeur de sa démarche,
il défend une éthique du soin fondée sur la complexité, la
singularité et le phénomène de reconnaissance.
EN
Some ethical and practical considerations regarding advance directives
This article offers a critical reflection on the ethical and
practical conditions for drawing up advance declarations,
based on field observations in the field of care and support.
It argues for a relational and evolutionary approach to
these procedures, in contrast to practices that are too often
reduced to administrative formalities. The author draws in
particular on the distinction made by Natalie Rigaux and
Sylvie Carbonnelle1 between a ‘strict’ conception of the
ACP, centred on binding legal documents, and a ‘broad’
conception, attentive to dialogue, links and the situated
expression of the individual.
The text emphasises that the relevance of an advanced
declaration lies less in its form than in the context of
trust, listening and availability in which it is constructed.
The quality and depth of the relationship with the people
involved, and respect for the person’s pace of life, appear
to be key conditions for authentic expression of his or
her wishes. The iterative nature of the process is also an
essential aspect in guaranteeing its ethical nature.
Finally, the author warns of the risks of instrumentalization
when these approaches are called upon to meet the
needs of relatives or institutions, rather than those of the
person themselves. He insists on the need to preserve the
possibility of not making up one’s own mind, and of relying
on the collective that surrounds the person. At the heart of
his approach, he defends a care ethic based on complexity,
singularity and the phenomenon of recognition.